Interview : William Sottile, Champion de France des Fleuristes
Concours Salons
13 novembre 2023

Interview : William Sottile, Champion de France des Fleuristes

Pouvez-vous présenter en quelques phrases ? Quand j’étais jeune je voulais faire de la physique, j’ai donc entamé un cursus scientifique en faisant une licence de physique après un bac S. J’avais de bon professeurs et un bon maître d’apprentissage. Pendant celle-ci, j’ai eu un déclic, j’ai voulu faire autre chose. Ma famille travaillait dans le secteur de la fleur, et j’ai voulu essayer au moins une année. Je pense que je n’aurais pas osé sauter le pas, si le CAP ne durait pas un an. J’ai appris que cela existait et qu’il était dispensé à l’Ecole des fleuristes de Paris. Cela s’est très bien passé, j’avais de bons professeurs et un bon formateur. J’ai ensuite passé un Brevet Professionnel et un Brevet de Maîtrise à l’issue de celui-ci. J’ai ensuite accepté d’enseigner au sein de l’école qui m’avait formée. J’y travaille toujours aujourd’hui. Parallèlement, j’ai travaillé auprès de différents fleuristes, avant de revenir dans la boutique familiale. Vous avez donc la double casquette ? Exactement ! Je suis devenu professeur en arrangement et techno. Quelle a été votre préparation au concours ? Il y a bien sûr eu une préparation mentale et avant l’été, j’ai eu une journée avec Frédéric Dupré, l’entreprise m’avait offert une formation avec lui, un joli lot. J’ai donc pu travailler certains sujets avec Frédéric.Lors de la préparation de ma structure, j’ai pris deux jours avec Gary Taffin pour m’entrainer. Frédéric Dupré est venu, une nouvelle fois, en renfort pour me conseiller et me coacher. D’habitude, quand j’ai des sujets à préparer, les idées viennent rapidement mais là, ça a été plus compliqué. Pour l’épreuve de la structure, j’étais très angoissé, j’avais plein d’idées, mais je n’étais plus sûr de moi quand je voulais les développer. Donc, la préparation a été plutôt difficile. Le thème général de cette année était « Quel fleuristes êtes-vous ? », comment avez-vous réagi à l’annonce de ce thème ? Avez-vous été déstabilisé ? Bien sûr ! Je suis timide et je n’aime pas parler de moi. Donc, il n’était déjà pas facile de répondre à cette question. Je ne savais pas trop quoi dire ou quoi faire, c’est venu petit à petit. J’ai trouvé le thème compliqué et déstabilisant. Les limites de ce qu’on entendait par sculpture étaient parfois très floues. Fin août, je me suis arrêté sur un sujet. Il y a eu beaucoup de collages d’écorces et c’était un travail très long. J’ai fini la structure deux jours avant le début de la Coupe de France. Avez-vous l’habitude de travailler de cette façon ? Non, encore moins quand mon travail est jugé, je me rendais compte de l’amplitude de travail et du temps qu’il me restait, cela m’a un peu paniqué. On a tendance à se mettre la pression tout seul et à vouloir toujours faire mieux, surtout dans les concours. La première épreuve, celle de la structure végétale, a demandé une préparation en amont de la compétition. Où avez-vous trouvé l’inspiration ? Je me mets toujours des contraintes quand je prépare un concours, comme une contrainte de couleur, de forme ou de fleur…L’année dernière, j’avais glané de l’écorce d’eucalyptus dans le Sud de la France. J’ai décidé que je voulais que cela soit ma matière première pour la Coupe de France. J’ai été encore une fois conseillé et orienté par Frédéric Dupré. Quand on a demandé au public ce qu’il voyait dans votre structure, on a eu beaucoup de réponses différentes. Alors, éclairez-nous sur ce que représente votre structure, un bateau, un chandelier ? Absolument pas ! Il y a des personnes qui ont vu des fusées, des bateaux et plein d’autres choses encore ! Selon moi, une structure ce n’est pas forcément quelque chose de réel. J’ai travaillé des formes et des courbes. C’est très abstrait et elle ne représente pas un objet particulier. Quelle a été votre épreuve favorite, celle où vous vous êtes senti le plus à l’aise lors de ce concours ? Et la plus déstabilisante ou difficile ? Sans hésiter, la pièce de deuil de demain. Au début, c’est une épreuve qui m’a déstabilisée. J’ai mis du temps à me lancer car il fallait découper le bloc et trouver une forme originale assez rapidement, en 15 minutes. Même Cédric Exare, un autre candidat, mais avant tout un ami, m’a dit que j’avais mis une bonne demie-heure avant de me lancer et de piquer mes végétaux. En revanche, dès que j’ai trouvé l’idée, tout s’est très bien passé et j’ai même fini très rapidement. J’ai été très à l’aise dès que j’ai su ce que je voulais faire. La plus difficile, pour moi, sans surprise car c’est toujours pareil, c’est le bijou. C’est le type de sujet où j’ai toujours eu des difficultés. Lors de mon entraînement, c’est le sujet que j’ai le plus travaillé. Le bijou est vraiment le sujet le plus difficile pour moi. Le Bridy n’est pas simple à fleurir et travailler, mais vu que je suis formateur, c’est un cours que je donne. Je consacre beaucoup de temps de travail avec mes élèves sur cet élément. Donc, c’est quelque chose que je connais. Quel serait le ou les messages que vous voudriez faire passer aux jeunes générations ou aux Artisans Fleuristes qui hésitent encore à se lancer dans les concours ? Il faut avoir une vraie envie et un esprit de compétition, une fois qu’on est dedans, on doit se donner à 100%. C’est très compliqué de se dire qu’on verra une fois qu’on y sera. Il y a une grosse préparation à avoir. Pour les jeunes encore à l’école, il ne faut pas hésiter à demander aux formateurs, aux maîtres d’apprentissage, s’ils ont la chance d’être dans une boutique, qui les encouragent dans cette voie. Même si on ne gagne pas, c’est très formateur de participer à des concours. C’est aussi un marqueur social, il y a beaucoup de fleuristes que je ne connaitrais pas si je n’avais pas fait de concours. Quels sont vos projets pour la suite ? Tout le monde me demande pour le concours des Meilleurs Ouvriers de France. J’ai eu la chance d’aller dans des salons, de connaître des MOF et je connais donc aussi la difficulté des épreuves de ce concours. Aujourd’hui, je sais que je n’ai pas le niveau. Peut-être pas dans 2 ans mais dans 6 ans, je pense tenter de concourir en me donnant les moyens pour m’entraîner et réussir. Merci à William Sottile d’avoir répondu à toutes nos questions, et, une nouvelle fois, toutes nos félicitations pour son titre !
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